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Bonne et meilleure année



Après la parution de notre lettre dans La Presse Plus, j'ai eu besoin d'une pause. Du coup, j'ai mis de côté notre blog. Nous n'avons pas non plus fait la mise à jour de notre coup de cœur du mois. Ça nous aura permis de donner un peu plus de visibilité à un livre que nous croyons essentiel.


En lisant les témoignages d'autres proches de personnes trans, je me rends compte que je ne suis peut-être pas un parent «typique», mais que je partage plein de points communs avec le vécu des autres parents d'enfants trans :


Je n'ai pas vécu de «deuil», mais j'ai quand même pleuré ma vie en découvrant jours après jours les souffrances vécues par mon enfant.


Je n'ai pas remis en question ce que Maël vivait, mais je me suis posée mille et une questions sur ce qu'il vivait.


Je n'ai pas cherché à le retenir, mais j'ai cherché à lui ouvrir des portes pour qu'il n'ait pas à s'y heurter trop souvent.


J'ai eu peur pour sa sécurité, mais je ne l'ai pas mis en cage pour le protéger et il m'a montré qu'il avait des ailes.

J'ai lu tellement de livres, d'articles, de blogues, de bd, d'entrevues, écouté de séries, cherché de documentaires, questionné de gens. J'ai écouté, je me suis questionnée, je me suis remise en question. J'ai frappé à toutes les portes, on m'a conseillé, on m'a accueillie, on m'a rassuré, on m'a accompagné, on m'a supporté, parce que oui, je suis intransigeante et insupportable par moment, on m'a compris peut-être parfois pour la première fois, on m'a aidé. On m'a expliqué et réexpliqué, on m'a à mon tour offert d'aider, on m'a écouté, on a validé mon expérience, ça aussi parfois pour la première fois.


On m'a donné de grosses bouchées parce qu'on a compris que j'avais faim de connaissances et de savoir. On m'a tapé dans le dos les fois où les bouchées étaient trop grosses, on m'a aussi remis à ma place et appris l'humilité, on m'a appris l'importance d'écouter et de faire de la place à la parole des gens concernés. On m'a appris à me battre aux côtés des autres et non pas à leur place. J'apprends encore, parce que parfois quand j'ai le feu, je suis prête à tout brûler, ode à Natsu Doraguniru.


Maël m'apprend la résilience, la passivité, le détachement, la persévérance, l'authenticité et l'amour-propre. Quand je ne sais pas si ce que je crois, ce que je pense ou ce que je fais est transphobe, je lui demande. C'est lui l'expert de sa vie.


Mon rôle ne s'arrête pas à lui dire de manger ses légumes et à boire de l'eau, ce qu'il ne fait pas de toute façon. Je suis sa voix lorsqu'elle lui manque, je suis ses yeux lorsqu'il les ferme pour se reposer, je suis ses mains quand il ne peut se panser seul, je suis là pour lui, avec lui.


Il prend son envol doucement, pas comme l'oiseau qui fonce mais comme la feuille dans le vent, au hasard, sans crier gare. Et il est tellement beau, et je suis si fière de lui, parce qu'il traverse l'adversité avec tant de dignité et de zèle. J'envie parfois sa cape d'impertinence qui l'affranchit de tout diktat.


Dans mon regard de mère, mon fils est comme le trou de la serrure par laquelle je vois la liberté.


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